Le quartier à l’emplacement du futur Champ de Foire était, au XVIe siècle, un chemin entouré d’ouches et de granges avec, en son point le plus élevé, la « Mothe aux ventz » qui était probablement une ancienne motte féodale (un tertre surmonté, au début du Moyen-Âge, d’une tour en bois). C’est devenu par la suite une place publique où se tenait la foire aux chevaux et autour de laquelle se bâtirent quelques maisons alors que le seigneur avait délimité, sur la motte, plusieurs parcelles qu’il louait. Ce n’est qu’au XIXe siècle que le Champ de Foire prit sa physionomie actuelle.
Sur le Champ de Foire se tenait, lors des foires bimensuelles, un marché aux bestiaux où l’on venait de loin. Pour cela, il y avait sur la place :
- une fosse pour faire boire les bêtes, entourée de grilles et de barres pour les attacher : elle a été supprimée au printemps 1950 ;
- un quai pour charger les bêtes dans les voitures de transport (d’abord hippomobiles puis automobiles) ;
- un poste de pesage (démonté à la fin des années 1970).
Le 27 juin 1948 a été inauguré, au 55, place du Champ de Foire, le nouveau bureau des PTT (Poste, Télégraphe, Téléphone), déménagé de la place de la Promenade vers des locaux modernes aménagés dans un bâtiment du début du XIXe siècle.
En 1949, la municipalité a acheté à Madame AVEZAC sa grande propriété du Champ de Foire pour y installer :
- un ensemble jardin public/courts de tennis/douches publiques/stade, ce qui a nécessité de gros travaux de terrassement pour transformer un pré pentu en un beau stade moderne. Le jardin public et les courts de tennis, dont le niveau est supérieur à celui de la chaussée, sont probablement ce qui reste de la « Mothe aux ventz » ;
- une nouvelle école primaire de garçons, devenue par la suite l’école Jean-Moulin et qui a d’abord remplacé celle installée derrière la mairie, avant de devenir la seule école primaire de la ville, pour filles et garçons.
LES FOIRES A AIGURANDE
Aigurande a toujours été un centre d’artisanat et de commerce prospère. Dans cette région d’élevage, le négoce des bestiaux y tenait une place importante et se faisait en grande partie, jusqu’à une époque récente, lors des foires réputées où l’on venait de fort loin.
Pendant une grande partie du XXe siècle, lors des foires bimensuelles, les places d’Aigurande étaient envahies par les éleveurs, les marchands et les chalands. Sur le Champ de Foire s’échangeaient les bestiaux : beaucoup de porcs dans des cages de bois, mais aussi des bovins, ovins et chevaux. Sur la place de la Promenade, on trouvait les étalages des marchands ambulants qui faisaient assaut de bagou pour convaincre le chaland. La place du Marché était pleine de volailles. La place de la Gare était également très animée, car une grande partie du bétail était expédiée par chemin de fer ; un train supplémentaire était souvent mis en service pour les foires.
Ces foires constituaient la sortie importante pour la nombreuse population campagnarde de la contrée, afin d'y vendre ses produits et faire ses emplettes. Les femmes, après avoir vendu volailles, beurre et fromages, se retrouvaient dans les magasins ou autour des étalages de rues ; les hommes, « arrosaient » la vente de leurs bêtes dans les nombreux « bistrots » et restaurants de la ville qui ne désemplissaient pas (il y en avait 28 à la fin des années 1940) ; ceux équipés d’une arrière-salle assez grande faisaient bal l’après-midi pour les jeunes gens. Pour ranger les nombreux attelages qui arrivaient à Aigurande ces jours-là, certains hôtels et restaurants organisaient leur accueil et il y avait aussi dans la ville des anneaux pour attacher les bêtes de trait ; le soir, certaines attendaient, attelées, leurs maîtres et étaient en mesure de les ramener à la maison, même lorsqu’ils dormaient sur le siège, après avoir un peu trop « gobelotté » les chopines de vin…
Le développement du transport automobile a progressivement changé les habitudes : le bétail est maintenant directement acheté à la ferme et les foires ont été remplacées par un marché hebdomadaire.