Ce site a été cofinancé par le Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural dans le cadre du programme LEADER 2014-2022, la Ville d'Aigurande et l'Association pour la Sauvegarde du Patrimoine d'Aigurande ; il fait partie de l'opération : "Sauvegarde et mise en valeur du patrimoine d'Aigurande", qui comporte la mise en place de quinze panneaux d'information dans Aigurande avec des compléments d'information sur ce site (voir pages Aigurande/parcours historique).

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Le cinéma d'Aigurande

Le cinéma d'Aigurande

Aigurande a fait la connaissance du cinématographe grâce au cinéma ambulant qui passait de temps en temps et s’installait sur le Champ de Foire. Puis des projections furent organisées dans l’arrière-salle du Café du Nord, chez M. et Mme LOURY, place du Champ de Foire. Après la guerre, la municipalité aménagea en salle de projection l’un des baraquements en bois, route de Bonnat, destinés à l’origine à recevoir les réfugiés strasbourgeois. Ce local de fortune accueillait le cinéma ainsi que des troupes de théâtre.

C’est alors que, en 1948, trois amis férus de cinéma, à l’initiative de M. CHAMBLANT, décidèrent de construire une véritable salle à Aigurande. Un potentiel de 10 000 habitants étant nécessaire pour obtenir l’autorisation d’ouvrir une salle, les communes du canton, ainsi que celle de Bonnat, furent associées au projet. Une société anonyme familiale fut créée, la Société du Modern’ Cinéma, au sein de laquelle chacun des membres tiendra son rôle dans la bonne marche de l’entreprise : directeur, projectionniste, caissière, tenue du bar à l’entracte, ouvreuse… Le bâtiment fut conçu par l’architecte à l’image d’un cinéma urbain. Les travaux démarrèrent en décembre 1949 pour se terminer en avril 1950. La salle - murs de couleur crème, fauteuils et strapontins de velours rouge aux pieds en fonte peints à la poudre dorée - pouvait accueillir 400 personnes, beaucoup plus lors d’un film à grand succès, des chaises étant alors ajoutées autant que l’espace libre pouvait en contenir. Pour la petite histoire, l’inauguration faillit être retardée, les fauteuils ayant été livrés à Eygurande (Corrèze) au lieu d’Aigurande (Indre)...

Le 28 avril 1950 eut lieu l’inauguration du tout nouveau Cinéma Moderne. À l’invitation de ses fondateurs, toutes les personnes ayant participé à sa construction et à sa création purent regarder le film projeté lors de cette première séance : Le secret de Mayerling, réalisé par Jean DELANNOY, sorti en 1949 et consacré au drame de Mayerling. Les principaux rôles étaient  tenus par Jean MARAIS et Dominique BLANCHAR. Les écoles furent, peu de temps après l’inauguration, invitées à voir le film Jour de fête que Jacques TATI venait de tourner à Sainte-Sévère.

L’affluence était telle que les places étaient numérotées : la caissière notait sur un plan de la salle les places qu’elle attribuait et chacun recevait un billet sur lequel était inscrit son numéro - bleu, rose ou jaune, en fonction des différents tarifs : balcon, parterre, rangs de devant ou enfants. À l’entrée dans la salle, une ouvreuse conduisait chacun à sa place. Trois séances étaient programmées chaque fin de semaine (samedi soir, dimanche après-midi et dimanche soir), ainsi que les jours fériés. Les films étaient réservés auprès des représentants des différentes maisons de production qui passaient les proposer. À cette époque, les films n’étaient pas loués individuellement mais par lots d’une dizaine dans lesquels, outre les films à succès, figuraient également quelques « navets »... Mais il fallait prendre le lot entier et attendre, pour passer les très bons films, qu’ils aient été projetés dans les villes plus importantes.

La séance durait environ deux heures et demie, avec une première partie comprenant un documentaire, des actualités et de la publicité. À l’entracte, les spectateurs pouvaient se rendre au bar ou acheter aux ouvreuses bonbons et chocolats glacés. Le projectionniste était allé à Paris se former aux techniques de la projection, l’appareillage en cabine étant constitué de deux projecteurs à charbon, achetés d’occasion à une salle parisienne. Le film du week-end était livré le vendredi, par transporteur, dans de grandes boîtes métalliques conditionnées dans des sacs très épais. Le poids était important. Commençait alors une véritable course pour être prêts pour la séance du samedi soir. En effet, le film arrivait  sur des bobines de différentes tailles et il fallait le reconditionner à la main pour le monter sur les bobines convenant aux deux projecteurs. Le travail se faisait sur une table lumineuse, avec des ciseaux et un pinceau à colle… Les bobines étaient ensuite préparées dans l’ordre scrupuleux de la projection. Le projectionniste lançait alternativement un projecteur après l’autre, se dépêchant de monter une nouvelle bobine pendant le passage de l’autre. Chacune durait environ 20 minutes. Le signal de déclenchement de l’autre appareil était donné par un petit signe en bas à droite de l’écran (une croix et un rond) que le projectionniste guettait attentivement pour ne pas manquer la mise en route. Il démontait les bobines dès la fin de la séance du dimanche soir, pour pouvoir renvoyer le film le lundi matin.

En 1953 apparaît le cinémascope qui s’imposera progressivement au cours des années suivantes. La salle est modifiée à la fin de la décennie pour pouvoir accueillir un écran plus large. Vingt-quatre fauteuils disparaissent dans les premiers rangs pour permettre un plus grand confort visuel. Fin 1977, l’entreprise familiale décide de passer la main. Dans un premier temps, elle met le cinéma en gérance. Il devient le « Modern’ Cinéma » mais il ferme en 1979.

En 1982, la ville d’Aigurande le rachète et entreprend d’importants travaux de réfection et de remise aux normes : changement de l’habillage de la scène, révision de l’installation électrique. Il rouvrira en septembre 1983 avec à l’affiche le film La chèvre.

Au cours des années, la municipalité ne cessera d’embellir et de rénover le bâtiment et le matériel : modernisation de la cabine de projection, installation d’un projecteur à lampe Xénon et d’un ensemble de plateaux à pellicule, redonnant une qualité visuelle à la projection. Au printemps 1993, la façade est nettoyée et recolorée, le déambulatoire est repensé, un atrium est créé dans le hall d’accueil, la scène est agrandie sur l’avant et la contenance est ramenée à trois cent cinquante-huit fauteuils. Les lambris et les murs de la salle sont ravivés.

En 2006, les revêtements des murs sont rafraîchis, le sol de la salle est peint, les sanitaires sont rénovés. L'image et le son bénéficient des dernières technologies : le Dolby Stéréo à l'arrière de l'écran et en ambiance dans la salle, un nouveau projecteur assorti d'un dérouleur de bobines et un système électronique de délivrance des billets. Les fauteuils sont changés en 2009 et le parterre est réduit à 186 places. En 2012, le cinéma passe au numérique. Dorénavant, les films arrivent sur des disques durs et sont enregistrés pour être projetés.

Après avoir connu plusieurs périodes de fermeture au cours des années, le cinéma, grâce à la volonté de la municipalité de préserver cet outil culturel dans sa ville, semble vouloir continuer à vivre. La salle, qui porte actuellement le nom de Ciném’A.J., est désormais classée « Art et essai » et « Jeune public ».

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